Joëlle Deroubaix
Soumis par Alain Lachapelle le lun, 23/08/2010 - 08:59
Jean et Jacqueline Lerat, deux maîtres à Bourges.
Pendant le vernissage de l'exposition de Jacqueline Lerat, à La Borne dimanche 4 septembre, j'ai entendu mon fils Antoine dire qu'il a été le plus jeune élève de Jacqueline, cela est vrai mais c'est bien grâce à Jean.
. Mon fils était né depuis à peine un mois et je restais sagement à la maison pour le garder quand Jean Lerat a proposé que je revienne à l'atelier avec mon bébé. « On le mettra dans un coin » Et ce fut fait. J'avais récupéré une poussette ridicule qui lui servait de lit et aussi parfois à transporter du matériel d'une salle à l'autre, et chacun lui faisait un petit coucou en passant. C'était après 1968.
Je les revois tous deux, Jean passant muet dans l'atelier et qui n'intervenait qu'à notre demande expresse; alors il tournait autour de notre travail, prenait une boulette de terre qu'il mouillait à sa bouche et la posait en un point qui par magie redonnait à la construction son équilibre. Avec Jean, c'était l'architecture ...et la sensualité.
Jacqueline enseignait, conseillait, donnait des cours de technologie sur le tas et avec cet amour de la terre, parlait de respiration, de vide intérieur et d'espace. Elle disait « cherchez les rythmes... »
Avec Jacqueline la céramique réfléchissait ...l'histoire de l'art et des idées. Une approche poétique aussi.
Un moyen d'appréhender le monde à partir d'un bol.
J'ai fréquenté l'atelier de 1970 à 1973 et je n'ai jamais quitté la terre. Je construis mes statues comme on construit un vase ou une maison, à partir de la base et autour du vide. Et c'est ce creux intérieur qui permet ce petit coup de pousse qui donne vie.
Et puis Jean a disparu et bien plus tard, j'ai repris le chemin de la rue de Vauvert. Avec Jacqueline nous avons eu des après midi à refaire l'atelier, la céramique, à repérer des correspondances et des ponts entre des cultures. Et je m'en retournais, recentrée.
Joelle DEROUBAIX
2, petit Jutigny
28120 VIEUVICQ
