"CERAMIX" du 9 mars au 8 juin 2016 à Paris
Depuis les expositions au musée des Arts décoratifs au milieu du XXe siécle; il n'y avait pas eu d'exposition de cette importance à Paris consacré l'Art et la Céramique.
L'exposition d'abord présentée à Maastricht en Hollande est répartie entre le Musée national de la céramique à Sèvres et la Maison Rouge (10, bd de la Bastille 75012 Paris). Elle est accompagnée d'un beau catalogue comportant des articles bien documentés.
Le parti pris de cette expositiion s'appuie sur la redécouverte à la fin du XXe siécle (Anne Lajoix: La céramique en France 1925-1947, des expositions à Troyes et Marseille en France et Fontana à Paris) de l'utilisation de la céramique par des peintres et des sculpteurs reconnus (Gauguin, Dufy, Léger, etc.). Picasso a un statut à part car sa carrière de céramiste est reconnue depuis les années 1950 comme une part significative de son activité artistique! L'apport de Dufy me semble par contre plus décoratif et anecdotique. La relation entre la peinture et la sculpture ne se limite probablement pas à l'activité céramique de peintres si talentueux soient ils.
Des éléments intéressants de l'activité céramique aux Etats-Unis, en Italie et au Japon sont présentés avec des ensembles explicatifs détaillés pour la première fois à Paris.
Ce parti pris des commissaires de l'exposition se heurte à la réalité européenne. Il semble que les publications anglosaxonnes de Edmund de Waal ou de Robin Hildyard (VA) qui font l'impasse sur la céramique continentale des années 40 à 80, fassent référence et imposent un point de vue qui mériterait d'être discuté. Il en résulte un manque de cohérence de la céramique européenne '(hors Italie).
La sexualité très présente tant à Sévres qu'à La Maison Rouge donne un ton distrayant à cette exposition. Les vieilles dames et les enfants passent devant des amas de sexes sans fausse honte! Les temps ont bien changé.
Avant d'en venir aux parcours les plus convaincants, il faut quand même s'inquiéter de secteurs dans les deux sites qui ont déjà été vu il y a bien longtemps ou qui ont fait l'objet de travaux d'étudiants dans les écoles d'art dés les années 1960. La terre crue, les tessons ou les morceaux d'oeuvres cassées sont rarement innovants.
Ce que j'ai aimé le plus ce sont les recherches d'Elsa Sahal et la salle consacrée à Johan Creten. Ce dernier qui affiche son désir de liberté en parlant de l'homosexualité, du racisme, de l'extrême droite, des interdits aurait été bien inspiré de laisser une ou deux oeuvres libres à la photographie. Cela m'aurait permis d'en mettre au moins une sur le site. Dans les deux cas, on ressent un véritable amour du modelage., de la forme et de l'expression. Par ailleurs, les socles en céramique entrent parfaitement en résonnance avec les oeuvres de Johan Creten.