Musées MAILLOL (Paris) et ARIANA (Genève)
Pourquoi se rendre, en ce début d'année 2014, aux musées Maillol à Paris et Ariana à Genève? D'abord ce sont des lieux de culture où l'on peut admirer les oeuvres de Maillol et Poliakoff pour le premier et une architecture intérieure et une collection exceptionnelle de céramique pour le second.
Mais surtout ces deux institutions ont organisé deux expositions temporaires qui fermeront début février et qui fournissent des points de vue nouveaux sur l'art céramique contemporain.
L'exposition "Etrusques, un hymne à la vie" au musée Maillol jusqu'au 9 février montre la qualité de la sculpture Etrusque et la maîtrise de l'argile par cette civilisation. La modernité de son utilisation est sidérante. Elle saute aux yeux. C'est en ce moment un des lieux où l'on peut voir de la Céramique en France et s'en réjouir. Les éléments d'architecture et les sculptures (Têtes, tombeaux, etc.) ont une grande harmonie et souvent une force d'expression remarquable. Les liens qui unissent cette création et celle de l'atelier de Della Robia peuvent être évoqués sans état d'âme. Un exemple entre autre est fournie par cette tête sur une boîte qui est présentée sur la couverture du catalogue. Elle est réalisée avec cette céramique noire (Bucchero) aux reflets métalliques qui imite un bronze patiné. Comme d'habitude dans les musées parisiens (pourtant Sèvres est à proximité) les étiquettes détaillant les techniques céramistes sont souvent approximatives!
Jean Fontaine
Au musée de l'Ariana à l'occasion de l'exposition "En fer et sur Terre" juqu'au 13 février, Jean Fontaine, céramiste bourguignon utilise à grande échelle cette technique du "buchero", la développe et la combine aux autres techniques. Elle s'accorde parfaitement au monde surréaliste de certaines bandes dessinées où les machines deviennent des éléments d'un nouveau panthéon. La couleur met en valeur les éléments métallisés. L'intégration de la femme, de l'animal et des machines les plus réalistes crée un univers personnel où l'humour et la sensualité sont souvent présents. L'érotisme bénéficie des formes et des matières de la céramique qui est pour celà un média irremplaçable comme l'a démontré splendidement Elisabeth Joulia dans les années quatre-vingt.
Ces deux expositions qui s'appuient sur des créations que séparent plus de 20 siècles apportent une réponse à ceux qui s'inquiètent de la modernité de ce média. Au musée Maillol la sculpture Etrusque voisine avec leur artisanat sans que les commisaires de l'exposition s'interrogent sur cette proximité comme si l'archéologie faisait oublier nos réticences actuelles à ces rapprochements. A Genève, l'artiste fait se rejoindre des univers avec des techniques que l'on n'imaginerait pas trouver ici.
Deux moments de plaisir (Ne pas oublier l'exposition Picasso à Sèvres, cité de la céramique) pour commencer une année céramique continentale, c'est à marquer d'une brique blanche.
Jean-françois LERAT, le 2 janvier 2014