Hubert Magen "La Borne, 1940-1980- Une modernité en céramique"

La galerie "Magen H Gallery" à New-York a organisé à la fin de l'année 2012 une exposition " La Borne, 1940-1980" . et a publié un livre de 300 pages sous-titré "Une modernité en céramique" d'une très grande qualité.

 

Hubert Magen a découvert les grès de La Borne à la fin des années quatre vingt dix auprès de son ami Pierre Malbec qui posséde une collection d'oeuvres de Georges Jouve et de Vallauris dans le sud de la France . Depuis cette date il a réuni un ensemble d'une grande cohérence. C'est les choix d'une personnalité et le hasard des opportunités d'achats qui aboutissent aujourd'hui à une démonstration magistrale qui s'appuie sur quatre vingt céramiques.

Un ensemble exceptionnel d'Elisabeth Joulia, Jean et Jacqueline Lerat, Monique et Yves Mohy  a été collecté. En particulier, on peut voir une série significative de pièces d'Yves Mohy dont l'importance ne doit pas être oubliée. Une surprise vient de la nouvelle génération qui a nourri son travail des enseignements de ces pionniers. Certains (Anne Barrès, Jean-Pierre Bonardot, Rémi Bonhert, Gérard Brossard, Jean- Louis Raymond, Joëlle Deroubaix, Solange Garotte, Jacques Laroussinie, Hildegund Schlichenmaier) ont étudié à l'école des Beaux-arts de Bourges avec Jean et Jacqueline Lerat, mais d'autres migrations (Pierre Digan, Alain Girel, Jeanne Grand Pierre, Anne Kjaesgaard) ont largement contribué à l'épanouissement du lieu et au développement de la sculpture "grès". Robert Deblander est associé à cet ensemble mais n'est ce pas une bonne idée compte tenu de ses liens avec Jacqueline Lerat et de la proximité des argiles de Saint-Amand en Puisaye? Le hasard a conduit à l'absence de Pierre Mestre, Claudine Monchaussé  ou d'autres qui auraient pu figurer dans cette démarche.

La force matérielle et sculpturale du grès est bien là sous nos yeux. Les mots d'Hubert Magen dans l'introduction sont particuliérement précis: " Je me souviens d'avoir été frappé par la puissance retenue qui se dégageait de ces pièces, par l'absence de séduction démonstrative qui en émanait, par la présence organique de la terre à la fois brute et sophistiquée".

Maud Leonhardt Santini, historienne, anthropologue et enseignante à l'Ecole nationale supérieure d'architecture de Versailles a rédigé un texte innovant s'appuyant sur une riche bibliographie et des témoignages. Elle explique de façon convaincante comment ce village d'artisans est devenu un "melting pot" d'artistes qui a permis l'émergence d'"une modernité en céramique". Elle s'appuie sur une interprétation du lieu; un rappel historique de l'évolution des artistes et une recherche des liens entre les personnalités et leur environnement culturel qui donne une grande force à son écrit; Elle montre à juste titre l'importance du mouvement abstrait de l'après-guerre, de l'architecture moderne, du rôle de passeur d'André Bloc directeur de la revue 'Aujourd'hui, art et architecture" et des relations avec Paris dont La Borne avec le développement de la voiture est devenue un élément  de sa nébuleuse culturelle. Elle souligne la place des ateliers et des écoles d'art comme lieux d'initiation. L'analyse et la démonstration sont très cohérentes et conduisent à donner à La Borne cette place de haut lieu de la création artistique pour la deuxième moitié du XXéme siècle comme on parle de la Ruche à Paris ou du Bauhaus en Allemagne.

La qualité de la conception graphique, le texte en français et en anglais et une série de photo d'intérieurs new-yorkais modernes confortera sa place d'ouvrage de référence.

Le livre est disponible à l'adresse suivante: Magen H Gallery, 54 east 11th street New York, Ny 10003 - T:2127778670

 

Galerie Hubert Magen

 

 

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